Je me suis chauffé pour des bonnes bières, j'ai ramené des Leffes !

Difficile d'expliquer à Jean-Gonzague que je préfère lécher tous les trottoirs de Paris que de boire ses bières sans le vexer.

Et pourtant, comme Jean-Gonzague, des milliers de gens achètent tous les jours Leffe, Grimbergen ou autres comas glucidiques en bouteille, pour faire plaisir à leurs amis.

Une bière de connaisseur

La Leffe est sans doute à la bière ce que les Beats sont aux casques audio.

Il s'agit du produit vers lequel on se tourne quand on se lasse de l'entrée de gamme. C'est une bière d'abbaye après tout !

Vendue comme une bière de caractère, elle séduit le consommateur qui commence à s'intéresser à la bière, et qui se dit qu'il peut bien mettre quelques euros de plus dans un pack pour ne pas rester l'étudiant qu'il était avec ses Kro.

Le problème : le goût

Là où la Leffe pose problème, c'est quand on commence à la boire.

Tout de suite, on est agressé par ce goût sucré qui vous anesthésie la bouche pour toute l'heure qui suit.

Faites attention quand vous offrez un pack en famille à vos cousins pour leur signifier à quel point vous ne leur avez jamais pardonné toutes ces parties de foot où c'était vous au goal, "t'inquiète on tourne". Pour peu que la cousine Eric (je vois votre regard dubitatif, on vit en 2019 pour rappel) soit diabétique, c'est l'hyperglycémie assurée en 2 gorgées.

En plus d'être plus écoeurant qu'un pot de miel, les plus érudits d'entre nous ne manqueront pas de célébrer cette entrée dans le monde des amateurs de bières par un petit geste emprunté au monde vinicole : un p'tit sniff au-dessus de la bouteille pour voir ce qu'elle a dans le bide.

Et là, il vaut mieux avoir le slip bien accroché : une odeur de saumon pénètre vos narines et vous ruine toute la sphère ORL, on croirait avoir pris un rail de coke sur un débris de graphite à Chernobyl.

Son vrai rôle

En en discutant avec plusieurs amateurs de Leffe, ainsi qu'avec d'autres buveurs de bière qui n'auraient pas subi une opération de retrait du palais à l'age de 5 ans, j'ai découvert le vrai rôle de la Leffe : une bière passerelle.

La Leffe n'est pas une bonne bière. Ce n'est pas pour autant une bière d'entrée de gamme. C'est en fait une porte d'entrée vers d'autres bières plus qualitatives, et si elle permet d'éveiller une curiosité, de s'ouvrir à d'autres choses que de la Kro ou de la 1664, alors je comprends son existence.

J'ai cherché quelques exemples de bières qu'on peut avoir envie de tester après avoir fait le tour de la Leffe au bout de 1 gorgée environ, et je me suis rendu à l'évidence que toutes les autres bières qui ne rentrent pas dans la catégorie "passion sucre" sont recommandables.

Je vais même jusqu'à assumer de préférer des bières d'entrée de gamme, pas trop sucrée, à une Leffe. Jamais une 1664 ne vous passera votre envie de diner, aucune Kro n'a jamais saturé mon palais.

Buvez vos bières comme vous buvez votre vin, à chaque occasion sa bouteille, et réconciliez-vous avec votre glycémie !